L'art de la joie
Trinity (Saison 1) Quand Greek et Gossip Girl se parodient

Trinity est une université ordinairement réservée à l’élite et ses jeux pervers. Sociétés secrètes et règles du plus fort règnent en ce lieu. Mais l’arrivée d’une nouvelle doyenne chamboule le fonctionnement de l’école. Et les nouveaux élèves sont là pour ça. Notamment Charlotte Arc, dévote et élève studieuse, venue résoudre le meurtre de son père, ancien élève et proche du corps professoral.
Volontairement trash comme Gossip Girl, se réclamant un esprit de fraternité à la Greek, Trinity, dernier teen-show d’ITV -chaîne de Secret Diary of a Call Girl- n’a sur le papier que des ressemblances insipides avec ses homologues américains.
Mais l’allure de Trinity va plus loin. Volontairement débile, franchement grotesque, oscillant entre la conspiration faussement inquiétante et la potacherie nauséabonde, Trinity est une plaisanterie assumée, un mélange des genres foutraque et ridicule qu’il revendique avec fierté.
La forme baroque et enlevée, l’université de Trinity aime envoûter par son charme victorien. Les costumes à la Gauthier et les décors british assurent une vision gothico-folle d’un milieu à part. La série s’en sert pour mieux s’en moquer.
Oubliée la forme, le fond est aussi inaccessible. Rien n’est véritablement à prendre au sérieux dans Trinity. Les fêtes déjantées, les cadavres à disséquer, le corps professoral faussement inquiétant et son élite d’élèves, tous plus caricaturaux les uns que les autres. Personne ne se démarque, personne ne tire à la couverture à soi, personne n’a de morale ou d’éthique à défendre, hormis la chargée aux relations chrétiennes, une caricature parfaite elle aussi.
L’exubérance exacerbée, la série ose aussi le mystère qu’il s’amuse à entretenir, au mieux à parodier. Le mystère autour de la mort de Richard Arc est dans tous les esprits de Trinity, celui de sa fille Charlotte, de la nouvelle doyenne, aussi. Distillant les éléments au compte goutte pour fantasmer un meurtre probablement insignifiant, Trinity ne se remet pas en jeu, et en permanence se cache dans ses simulacres de mystères.
Alors, vrai série pour jeunes branchés ou critique pataude d’un genre surfait ? L’éternelle hésitation, c’est l’unique fonds de commerce de Trinity.
(6/10)
